Une solution à la crise, le Bancor. Blog Paul Jorion

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zébu dit :

@ Tous :

Arf …
Je m’absente un instant et voilà ti pô que c’est le foutoir … :)
Désolé de l’absence.
Et comme je ne peux répondre à toutes/tous et sur tout, je ‘réponds’ ici.
D’abord, en premier lieu, je pose comme postulat que je suis un ignorant. Car affirmer l’inverse serait un mensonge. Puisque c’est un postulat, j’aimerais bien qu’on ne vienne pas me le démontrer sans cesse : un peu de respect donc (lol).
Car, de fait, il ne vous a pas échappé que je ne suis pas un physicien. Du tout. Ni même un thermodynamicien. Auxquels je propose mes humbles excuses pour avoir salopé leur travaux séculaires en l’espace de quelques lignes : la ‘magie’ d’internet permet de diffuser instantanément l’ignorance de n’importe qui.
Mais à l’inverse et en réponse, elle permet aussi d’obtenir des correctifs (et des corrections, bien méritées), des propositions, des suggestions, des questions, etc. Bref, un débat. Ce qui était mon objectif, en parti atteint.

Ceci étant dit, je souhaite préciser qu’il ne s’agit que d’une intuition, qui se base sur un ensemble de constats ou d’analyses, qui sont hautement subjectifs car soumis à un appréciation personnelle. En premier lieu, qu’un ensemble de termes utilisés pour décrire la situation ou les fonctionnements m’ont fait pensé à de la physique ou à de la mécanique : moteur, flux, freins, carburant, …
Qu’ensuite qu’un certain nombre de décisions ont contribué à ce que le système financier s’autonomise :
- fin de la parité or/dollar en 1971,
- décret Giscard sur l’interdiction d’accès au financement de la BC par le Trésor ainsi que pour la BCE lors de sa création,
- suppression du Glass Steagall Acte en 1999,
- suppression de la diffusion de l’information sur l’agrégat M3 en 2006, etc. (liste non exhaustive).
C’est la suppression de l’étalon, au sens monétaire, qui m’a fait pensé au principe d’équilibre de la thermodynamique : un système, qui est ’stable’ et qui est en équilibre avec un second système (et ainsi de suite), permet d’établir une thermométrie.
Or, la suppression de la parité du dollar d’avec l’étalon (or) a donc décroché le système financier de ce principe physique pourtant essentiel : comment mesurer la stabilité sans thermomètre ?
Ensuite, la croissance du crédit immobilier, sous forme de « bulle » (qui exprime bien le détachement, tout virtuel, de cette activité par rapport à l’activité économique ‘physique’), comme d’autres « bulles » auparavant (techno, …) a rencontré un mur ‘physique’ : le remboursement des crédits octroyés par les débiteurs, dans l’incapacité de les rembourser. Ainsi, tant que la variable de temps pouvait être utilisée, en termes de statistiques, le système restait viable, avec un étalement temporel des remboursements, basés sur une croissance continue des prix.
C’est pourquoi j’ai pensé au premier principe thermodynamique : la conservation de l’énergie et sa transformation. Car selon moi (et je m’attends à beaucoup de critiques), l’énergie de ce système financier est basé sur le crédit, qui est devenu par trop ‘massif’ (trop grosse concentration de crédits à rembourser sur une durée trop restreinte) et s’est effondré. Mais il n’a pas disparu !!
Et c’est ce qui m’avait intrigué : on a longtemps parlé de centaines de milliards ‘disparus en fumée’, alors que selon moi, ils se sont ‘transformés’ en … dettes publiques (conservation et transformation de l’énergie). D’où les principes thermodynamiques.
Dès lors, si l’on suit cette hypothèse que contrairement à ce prétendait cette ‘économie financière’, les lois de la thermodynamique s’appliquait bien à elle, qui s’était créé ses propres lois, on passe au principe second, celui de l’entropie. Et c’est là où j’ai confondu ‘chaleur’ et ‘entropie’ …
Avec cette ‘transformation’ de ‘l’énergie’ (crédit) en dette publique, une ‘chaleur’ s’est propagée au sein du système financier américain, en premier lieu, générant un désordre de ce système appelé ‘entropie’. Or, cette ‘transformation’ étant irréversible en système clos, ‘l’entropie’ ainsi engendrée ne pouvait atteindre zéro qu’avec le rétablissement à l’équilibre du système, qui ne peut s’atteindre qu’avec la propagation de la chaleur induite par la transformation à l’ensemble du système, du plus ‘chaud’ (système financier) vers le plus froid’ (système social).
Je laisse le soin aux contributeurs ( :) ) de définir la nature de la ‘chaleur’ engendrée et la mesure de ‘l’entropie’. Pour ma part, je proposerais ‘chaleur’ = combustion des actifs financiers et ‘entropie’ = désordres dans le système de titrisation et le système interbancaire.
Afin d’éviter cela, les US n’ont eu que quelques solutions, dont l’augmentation de la ’surface’ du système monétaire, à savoir l’augmentation de la masse monétaire et le Quantitative Easing mais aussi, grâce au rôle spécifique du dollar, la transmission de ‘l’entropie’ ainsi engendrée aux autres systèmes financiers, notamment monétaires.
Quand l’entropie des subprimes fut transmise en UE, le système monétaire et financier européen n’a pas pu, selon moi, activer les mêmes fonctionnalité que celles qu’avaient utilisés les US : la zone euro notamment s’est ainsi retrouvé dans un rôle de système fermé ou ‘isolé’, les parties au sein de son dispositif les plus touchées (Grèce en particulier) ne pouvant utiliser ni dévaluation, ni QE, ni même plan d’aide massif immédiat.
Voilà donc l’explication de la théorie de l’application des lois de la thermodynamique au système financier et monétaire, qui pensait s’en être extrait depuis 1971. La ‘physique’ et la réalité les ont rattrapé.
Ensuite, si on suit toujours l’application de ces lois, il apparaissait que le système € était le plus ‘faible’ car les chinois n’ont pas accepté, malgré les pressions, de dévaluer le Yuan. Comparativement, l’euro était la cible la plus indiquée car fonctionnant sur la base d’un système interne ‘fermé’ (ou ‘bouclé’).
En prenant une image, on pourrait dire que le ‘moteur’ de l’économie, fonctionnant au crédit, a soudain eu un blocage et imposé une vitesse folle, produisant une très forte ‘chaleur’ et un dérèglement de la ‘boîte d’embrayage’ monétaire, imposant à la monnaie la moins ’souple’ une conduite de son économie en ‘embrayage à pignon direct’ (répercussion directe au système financier et économique), sans pouvoir passer les ‘vitesses’ (QE, accès direct au financement, …) et en n’utilisant uniquement que les ‘freins’ (déflation).
L’idée du Bancor est justement de pouvoir échanger une boîte d’embrayage monétaire unidirectionnelle (pour ceux qui transmettent l’entropie vers ceux qui la reçoivent) en boîte de vitesses multidirectionnelles, évitant qu’IN FINE, ce soit le système social qui n’absorbe l’entropie générée par le système financier (ce qui est le cas actuellement, avec les politiques de déflation = ‘freinage’ uniquement). L’avantage, déjà décrit, est d’allouer par le biais d’une chambre de compensation les échanges commerciaux entre les différents pays participant au Bancor, sur la base d’une émission de Bancor, à taux variable selon le différentiel observé : plus d’exportations/moyenne échanges commerciaux dans un système = taux plus élevé (et croissant), MAIS AUSSI plus d’importations = idem. On peut aussi imaginer (et/ou) la création d’un ‘Fond Monétaire de Solidarité’, alimenté par les différentiels versés par les acteurs d’un même système, utilisé soit pour assurer la pérennité du système (fonction assurantielle), soit pour allouer une partie de ce fond pour certains acteurs en difficulté, selon les besoins, soit pour financer des projets ‘d’équilibre’ Nord-Sud, par exemple.
Le Bancor pourrait ainsi être un New€, un nouvel ‘euro’, qui (re)deviendrait une monnaie commune et parallèle aux anciennes monnaies nationales, qu’il faudrait réinstaller, mais sans supprimer l’euro (qui deviendrait Bancor), afin de conserver l’acquis de l’euro comme monnaie internationale ‘réelle’. La BCE deviendrait alors une chambre de compensation où chaque pays membres deviendrait décisionnaire de l’utilisation des ‘réserves’ de Bancor.

En généralisant le système de Bancor, on peut aussi imaginer que ce qui existe pour un niveau européen peut très bien se construire pour un niveau national, avec des monnaies régionales et des chambres de compensations régionales, etc. etc., jusqu’au niveau de proximité le plus proches souhaité et nécessaire.
Un système de crédit ‘gratuit’ (pas vraiment en fait), accessible à tous, compensé automatiquement et gérer collectivement selon les nécessités.

Bon, faut que j’aille dormir là … :)

J’espère avoir été plus clair et plus cohérent. Mais je demeure toujours ignorant (postulat, rappelez-vous) …
Cordialement.

PS : il me semble que le Bancor a quand même une puissance dynamique intéressante et une utilité sociale (dixit Juan je crois). C’est suffisamment rare et important pour le noter.

PS 2 : il me semble que la Chine aurait tout intérêt au Bancor (ou à un système y ressemblant) car son concept central est l’équilibre et non la puissance, qui doit être utilisée pour atteindre cet équilibre (jeu de go, je crois). D’autant que son souci est certes de savoir que faire de sa montagne de dollar de devise, qu’elle aura tout le mal du monde à échanger (sauf avec le temps looooooong, en principe thermodynamique, qui permet d’atteindre éventuellement la réversibilité), même pour tout l’or du monde. Mais son souci est surtout de stabiliser son propre système : il n’est pas de son intérêt de provoquer une déstabilisation monétaire mondiale … qui finirait par déstabiliser son propre système (à croire que c’est ce que veulent les US). D’où l’intérêt du Bancor pour eux, qui leur permettra de réallouer leurs dollars excédentaires contre des bancor et réduire leurs exportations, pour investir dans leur marché intérieur.

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